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^_^

Les joyeuses colonies de vacances... (1)
--> Chapitre 1 : Les Colombes grises de St Raphaël
Intro là.

L'année suivante, ma mère a rammené une brochure au mois de Février. Un catalogue pour choisir le lieu de notre séjour. Dans ma tête, j'ai toujours pensé que je partirais avec mon frère. Manque de pot, les catégories d'âge étaient les mêmes pour tous les séjour et mon frère et moi ne faisions pas parti de la même.

Gasp.

Mon frère décide rapidement de partir en Corse. Personnellement, je ne me rappelle pas pourquoi j'ai choisi St Raphaël. Ce qui est sûr, c'est qu'à l'époque je ne devais pas avoir conscience de la durée du séjour...

A vrai dire, avant de partir en colo, j'étais super content d'y aller. Tout ça parce que cela me dispensait de la dernière semaine de cours. A savoir, une deuxième semaine à la base nautique de Poncin (lieu du séjour de fin d'année). La première semaine avait été épouvantable. Il faut savoir que petit, j'avais une peur panique de l'eau. En fait, c'était plus complexe. Je n'avais aucun mal à me baigner avec des amis ou la famille, mais dès qu'il y avait quelqu'un comme un prof, et qu'il fallait faire des exercices, j'étais complètement paniqué, persuadé que j'allais mourrir noyé. Une horreur (qui me fit vomir plusieurs fois d'angoisse dans les vestiaires de la piscine lol). J'avais donc passé une semaine atroce à faire du kayak et du canoë, une horreur pour moi. Je priais chaque soir pour qu'il pleuve et que l'on ne puisse pas aller sur le lac. J'avais également réussi à force de persuasion mentale à faire monter ma température corporelle à 38° sur commande, pour que l'on croit que j'étais malade et rester dans les dortoirs.

A la fin de cette première semaine donc, j'étais content parce que comme je partais en colo à la moitié de la deuxième semaine à Poncin, je ne repartais pas là-bas.

Le jour du départ, je devais être à deux doigts de me chier dessus. D'abord, c'était la première fois que je partais loin de chez moi, sans personne que je ne connaisse. Je partais TROIS SEMAINES... Et surtout, surtout, je n'allais plus avoir ma maman. Ahlala, je crois que je suis le gamin le plus attaché à sa mère que j'ai connu. J'avais besoin d'être caliné et je pleurais dès qu'on m'éloignait de ma mère trop longtemps. Même en famille hein, du genre, une semaine chez les grands-parent j'avais le vague à l'âme. Trois jours chez une tante que je connaissais moins et je pleurais le deuxième soir. Une horreur. Sincèrement je ne sais même pas si je supporterais un gamin comme ça aujourd'hui. (en fait, ça fait carrément cliché du petit garçon déjà tarraudé par les garçons, petit garçon attaché à sa moman et qui joue parfois à la poupée, mais tout est vrai :p )

Bref, après un voyage relativement long, je suis arrivé le soir. Mon premier souvenir, c'est la dame qui faisait office d'infirmière nous demandant sans arrêt "Qui veut aller au pipi? Qui veut aller au pipi?" Déjà je ne me sentais pas chez moi. N'avait-on jamais appris à cette dame que l'on dit "Qui a envi de faire pipi?" Tss...

Ensuite, première injustice. Les filles ont été emmenées dans des bâtiments, et nous, les garçons, dans des sortes de tentes immenses. QUOI? Dans des tentes? Même pas un vrai toit? Je retenais fort mes larmes.
Je me suis installé avec un garçon que j'avais rencontré dans le car, quatre autres garçons se sont installés avec nous, avec un moniteur en plus, Baptiste. Et déjà à mon âge je n'avais pu m'empêcher de remarquer qu'il était le plus musclé et passait son temps torse nu :p :p :p
Ce qui à l'époque n'a pas suffit à me consoler...

J'avais fait jurer à mes parents de m'appeler midi et soir, et c'est ce qu'ils firent. A chaque repas, le téléphone sonnait et on m'appelait. Et systématiquement c'était la même chose. A peine étais-je sorti de table en prétendant en avoir marre de mes parents, que j'étais en larmes au bout du fil. Mes parents désesperaient un peu (et je les comprends) et tous les jours je leur rappelait la promesse qu'ils m'avaient faite. "Si tu tiens une semaine et que ça ne va toujous pas, on viendra te chercher". Tous les jours je pleurais au téléphone, et je revenait à table les yeux rougis. A certains je racontais que mon chien (que je n'ai jamais eu) était mort, à d'autre que mon grand-père était tombé malade. Seuls les monos n'étaient pas dupes. A la moitié du séjour, la directrice a téléphoné à mes parents pour leur dire de diminuer leurs coups de fil. Je revenais systématiquement en larmes et certains enfants n'avaient pas reçu un seul coup de fil de leurs parents depuis le début...

C'est étrange parce qu'en dehors de ces moments là, je ne pleurais pas. Je n'ai pas le souvenir d'avoir été malheureux 24h sur 24h. Je m'étais même fait plusieurs amis et on s'amusait plutôt bien.
Et puis un jour, on nous a présenté un nouveau moniteur. Je suis tombé immédiatement sous le charme de ce moniteur, brun, musclé, cheveux courts et yeux vairons. Un vert et un marron tirant sur le jaune. Ce qui fait que je n'ai pas vraiment suivi l'introduction de ce monsieur. En revanche, quand il a pris la parole, j'ai cru tomber dans les pommes. Ce monsieur allait nous donner des cours... de piscine.
Et là, tous mes efforts pour aimer cette colo, tout ce que j'avais durement acquis en plaisir de vacances, tout ça s'est effondré. Le soir même j'ai sûrement dû hurler à mes parents de venir faire quelque chose. Mais j'avais vraiment peur.

Ma mère a contacté la directrice, lui a envoyé un mot. Au final, j'ai été exempté de ces cours, mais à compter de ce jour, le moniteur en question m'a détesté. Et j'en ai énormément souffert parce qu'au fond de moi, petite midinette que j'étais, je voulais lui plaire.

Un autre mauvais souvenir que j'ai eu, c'était les douches, parce que je me souviens que le premier soir, je m'étais douché dans une douche soumise aux courants d'airs, sous l'oeil inquisiteur d'un moniteur (y'avait pas de rideau) et j'avais vu une chenille ramper sur le bord de la douche. En ce premier soir, j'ai dû passer ma nuit à prier le ciel pour qu'un miracle se produise et me rammène instantannément chez mes parents.

Un des moniteurs m'avait aussi particulièrement marqué. C'était le chef des moniteurs. Déjà, son prénom: Valéry. Pour un garçon je trouvais ça bizarre. Ce mec était d'une douceur formidable, il était beau garçon et en plus, je me souviens que le courant était bien passé entre nous. Une discussion m'avait particulièrement troublé (oui, je me sentais AUSSI attiré par celui là), celle de la tenue pour dormir. Il m'avait dit dormir tout nu (du coup j'avais crevé de jalousie de ne pas être dans sa tente même si forcémment il devait mettre un sous vêtement devant les gosses) et il avait ajouté avec un sourire sur les lèvres :
-Mais tu sais Julien, toi aussi un jour tu dormiras tout nu.
Je ne sais pas pourquoi cette phrase m'a fait tant d'effet à l'époque, mais je dois dire qu'aujourd'hui encore je m'en rappelle, le contexte, ses habits, son sourire.

Durant cette colo, j'ai aussi eu droit à l'histoire d'amour. Enfin, c'est vite dit hein...
Ca a été rapide et en fait, pas vraiment consommé, c'est la raison pour laquelle elle n'a pas rejoint le rang d'amoureuse officielle (1 2 3).
Elle s'appelait Ophélie et on s'est tourné autour un moment. En même temps, un de mes amis faisait de même (avec Ophélie). Au final, je me rappelle avoir été choisi, c'était un soir. Le matin suivant, me dirigeant vers elle, elle me regarde méchamment et me demande:
-Mais dis-moi, tu serais pas un petit connard?
Et elle s'en va.
Encore aujourd'hui, je ne comprends pas ce qui s'est passé. En tout cas, le blondinet qui me servait de concurrent a pris ma place et s'en est bien vanté, à tel point que tous les autres garçons se sont mis derrière moi et l'ont détesté :p

A la fin de la première semaine, plein d'espoir, j'appelle mes parents. Et leur demande de rentrer immédiatement. Ce à quoi ils me répondent:
-Mais Julien, tu ne peux pas enfin.
-Mais, mais, mais... Vous aviez dit que (des trémolos dans la voix, ne voulant pas comprendre)
-Oui, je sais ce qu'on a dit mais ce n'était pas vrai. Enfin, réfléchis ce n'est pas possible.
Une fois de plus, j'ai dû pleurer toutes les larmes de mon corps et il s'en est suivi une deuxième semaine de déprime totale, à pleurer, à languir, à me sentir abandonné.
Quand je relis les lettres que mes parents m'envoyaient alors, je suis halluciné de leur patience.

Finalement, le temps est passé et nous sommes arrivés au début de la troisième et dernière semaine. J'ai enfin saisi que de toutes façons j'allais rentrer chez moi, que j'étais en VACANCES et que j'avais plutôt intérêt à en profiter au lieu de pleurer. J'ai passé une excellente semaine, hormis un peu d'angoisse au milieu:
Le moniteur maître nageur nous a annoncé une grande compétition aquatique, non pas en piscine, mais carrément dans la mer. Des courses de nages, des objets à aller chercher au fond de l'eau, etc... Mon stomac se noue déjà. Il nous annonce ça pour mercredi et dit qu'il a déjà composé les équipes. Et qu'il a choisi un capitaine qui rapporteras plus de points à son équipe en réalisant des épreuves sensiblement plus difficiles. Cette dernière phrase, il la prononce un sourire étrange sur les lèvre, en me regardant. Un affreux doute me saisi. J'attends que tout le monde parte, et discrètement je m'introduis dans son bureau. Je trouve alors la liste des équipe. Et vois la vérité: cet enfoiré (bon sang qu'il est canon!) m'a nommé capitaine de la première équipe. Julien le gamin qui a une peur panique de l'eau est placé en première ligne.

Sans me démonter, je vais le voir et lui dis qu'il y a un problème, que ma mère a fait un mot. Il me regarde, l'ai agacé, et me dit de faire ce que je veux, que je vais avoir l'air ridicule. Et puis, il me fait le premier sourire sincère depuis le début en me disant:
-Moi ça me ferait plaisir que tu me montres que tu es plus fort que ça.
Et... Comme un con, comme une petite midinette que j'étais, j'ai marché à fond. Je lui ai dit que j'acceptais.
Il m'a refait un grand sourire, m'a serré la main, est parti. Et moi, je me suis lentement décomposé en comprenant ce que je venais de faire.

Alors, j'ai fait la seule chose que je pensais pouvoir faire. Une fois de plus j'ai passé la nuit entière à prier tout ceux qui voudraient bien m'entendre.
Et... Miracle, le mercredi, nous avons eu un temps merdique au possible et la compétition a été annulée. Même pas reportée, annulée.
Ainsi, j'ai pu profiter du beau maître nageur sans perdre la face et j'en étais vraiment fier.

Finalement, le jour du départ j'ai presque regretté de rentrer chez moi. Je dis presque, parce que quand même, j'étais sacrémment content de retrouver ma môman. Mais j'avais de bons souvenirs plein la tête et c'est avec joie que j'ai accepté de repartir l'année suivante. En oubliant bien sûr que j'allais avoir un an pour que toutes les bonnes choses s'effacent, et qu'il ne me resterait plus que l'angoisse de partir loin de chez moi :)

Ecrit par Euan, le Mercredi 25 Octobre 2006, 15:12 dans la rubrique "Actualités".