La suite... - Mes amoureuses (3)

Les deux premiers épisodes, là et là.

Et puis il y eu Ouidad.

Après Laëtitia, ma vie sentimentale a été un peu vide. En sixième, arrivée au collège. Prise de conscience de ma sexualité et pleins de questions qui tournent dans ma tête. Je me dis qu'il faut quand même que j'essaie de sortir avec une fille, histoire de voir si je suis bien sûr de moi. Précurseur une fois de plus puisqu'à l'époque, la grande peur de tout le monde, c'est LE RATEAU. Ah oui, se prendre UN RATEAU, c'est vraiment affreux, alors plutôt être célibataire toute sa vie plutôt que de se prendre UN RATEAU. Moi, je suis différent. Sortir avec une fille, c'est pas pour ne plus être célibataire, c'est pour voir si je suis bien comme je pense l'être. C'est tester pour voir si ça ne réveille rien en moi. Etre fixé. Et le plus tôt sera le mieux.

Du coup, contrairement à tous mes camarades, j'explore la chose, passe pour le pervers lubrique qui passe des mains à tout ce qui bouge. D'ailleurs, à l'époque on pensait vraiment que j'était obsédé par les filles alors que pas du tout lol. Je finis par arrêter mon choix sur une fille, Géraldine. Moi, pas du tout peur de me prendre UN RATEAU puisque ma démarche est plus scientifique qu'autre chose, je lui demande carrément. Je lui demanderais trois fois au cours de l'année. Trois refus. Le fait que je n'en sois pas mort ni honteux a une fois de plus débloqué mes camarades, et après ça, les couples ont une fois de plus fleuris autour de moi.

Mais dans tout ça, je n'avançais pas moi.
Arrive la cinquième, et je suis avec les même gens. Un jour, je me retrouve en permanence, assis à côté de Ouidad. Cette fille est ronde, très ronde même, un peu bourrin, mais jusque là elle est resté plutôt gentille avec moi. Le tout, c'est de ne pas s'attirer ses foudres. Ce jour là donc, comme un petit con que je suis, je me mets à parler des couples, et ni vu ni connu, je t'emballe et à la fin de la permanence, nous sommes ensemble. Quelle connerie! L'une des pires bourdes de ma vie puisqu'elle me poursuivra jusqu'au lycée...

Me voila donc avec Ouidad, une fille pour qui je n'ai absolument aucun sentiment. A la fin de cette première journée, grand moment, je lui roule un patin. Grande expérience que ce premier baiser censé nous poursuivre toute notre vie. N'ayant aucun désir pour elle, je ne prends aucun plaisir et trouve l'acte plutôt bizarre. Elle toute heureuse, moi sceptique mais tout fier quand même d'être un grand... (arf arf!)

Et puis les choses se sont gâtées. Tout les matins, c'etait roulage de patins, même chose le soir. Mais comme je n'avais rien en commun avec elle, on ne restait même pas ensemble en récréation. Ma relation avec elle a durée trois semaines environ, vacances de Noël comprise durant lesquelles nous ne nous sommes pas contactés une seule fois. Deux déclics m'ont permis de me dire "stop tout!".

Le premier, c'est le jour de la rentrée où elle a voulu que je la raccompagne chez elle. Je suis tombé dans un univers très différent du mien et où j'ai bien vu que je n'étais pas le bienvenue. Tout autour de moi, des racailles en tous genres, des gars tous plus grands que moi, et qui n'attendaient qu'une chose, que je fasse ou dise une connerie pour m'en mettre une.
Le deuxième, c'est un matin de plus, où elle arrive, avec son parfum que je ne peux plus sentir, et qu'elle fait cette chose qui me dégoutes de plus en plus. Me rouler une pelle. Ce matin là, je dois l'avouer, j'ai bien failli lui vomir dans la bouche (houlala quelle poésie!). Le contact de sa grosse langue dégoutante, ce parfum qui puait... Ce soir là, en rentrant chez moi, je me suis dit que c'était fini.

Le lendemain matin, elle arrive, prête à m'embrasser. Je la stoppe net et lui dis qu'on doit parler.
Je lui ai sorti le coup du "c'est pas ta faute, c'est mes sentiments qui ont changés. J'ai pris notre amitié (erf, on n'a jamais été amis!) pour de l'amour. Désole mais c'est terminé".
J'ai alors surpris chez elle un regard de haine glaciale pure. Puis, son visage s'est radoucie, et elle m'a dit qu'elle comptait me dire la même chose ce matin même. Mon cul... Ouidad n'a jamais pu avaler le fait que notre histoire se termine, ni que ce soit moi qui ai rompu.
C'est alors que j'ai compris l'immensité de l'erreur que j'avais commise. Choisir la caïd du collège, celle qui avait toutes les racailles du collège et des alentours à sa botte était une vraie mauvaise idée.

Au départ, je n'ai rien vu venir. Puis un jour, des propos racistes. Assise devant moi, parlant à sa meilleure amie "tu te rends compte Méli? Je suis sortie avec un blanc, avec un français! Beurk, mais qu'est-ce qui m'a pris?" J'ai été profondément blessé ce jour là. Je n'arrive pas à comprendre l'intolérance, quelle que soit sa forme.
Mais ça n'était qu'un début. A partir du mois de Février, j'ai été insulté, rabaissé, frappé jusqu'à mon entrée en seconde. Des amis à moi tentaient de me soutenir mais ça finissait par retomber sur eux. De plus, mon homosexualité a commencé à se voir alors vous imaginez... Pendant ces années, j'ai voulu mourir. Pas un seul jour je ne me levais joyeux. J'ai voulu mourir, j'ai voulu la tuer, de mes mains, sans armes, juste de la violence pure. Je l'ai détesté d'arriver à me mettre dans des états pareils.

Sans s'attarder sur cet aspect des choses, cette relation m'a aussi inquiété sur un autre point. J'étais persuadé que je ne pourrais jamais plus embrasser quelqu'un de ma vie. Cela m'avait trop dégouté. Comment prendre du plaisir à faire ça?
Bon, évidemment, la première fois que j'ai embrassé un mec, j'ai compris le pouvoir de l'attirance et du désir. Moi qui pensait ne plus jamais toucher les lèvres de quelqu'un, c'est en fait quelque chose que j'adores. Embrasser mon mec (oui enfin quand j'en ai un bien sûr), c'est quelque chose que je peux faire des heures.

Comme quoi...

Et puis ça a été fini. Plus de filles depuis. Non, je n'ai jamais couché avec une fille. Pour l'instant je ne le regrette pas et n'en ai pas envie. Il ne faut jamais dire "fontaine je ne boirais pas de ton eau" mais je ne pense pas que cela m'arrivera. De toutes façon, mécaniquement parlant, ça ne fonctionne pas avec les filles lol.

Alors qui sait? Ouidad sera-t-elle effectivement la dernière? Dommage de finir sur une si mauvaise note (d'ailleurs mes amis de l'époque sont persuadé que c'est Ouidad qui est responsable de ma sexualité lol, nous rigolons beaucoup là-dessus) mais je pense que oui...

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