La suite... - Les joyeuses colonies de vacances (intro)

Quand j'étais petit, mon frère et moi étions des boulets pour nos parents au mois de Juillet. Pôpa et Môman travaillaient tous les deux et prenaient leur vacances en Août. Du coup, il fallait bien faire quelque chose des deux marmots pendant le mois de Juillet.

Aussi loin que je m'en souvienne, nous sommes toujours parti avec mes grands-parents paternels. La veille du départ, nous allions chez eux, on passait une nuit relativement courte, tout excités que nous étions de partir en vacances.
Au petit matin, départ pour le limousin, plus précisemment le lac de Vassivière (si si, ça existe, même mon ami Wikipédia connait!). Ahlala, rien que le nom m'envoit des bouffées de nostalgie. Pendant 10 ans environ, j'y ai passé tous mes mois de Juillet. Nous étions installés dans la caravane de "Pépé et Mamie", sur un terrain de camping à dix minutes de la plage à pieds. Moyenne d'âge du camping: 60 ans. C'est bien simple, notre caravane était à une extrimité du camping. A côté, on trouvait la caravane du frère de ma grand-mère, à côté celle des amis de mes grands-parents, et ainsi de suite pour un total d'une dizaine de caravane à cet emplacement.

Je me souviens encore de cette caravane avec le petit chiotte chimique qui dégageait une odeur à vous faire friser les poils du nez lorsqu'on entrait dans les toilettes. Le premier jour, c'était l'installation du auvent qui nous prenait la journée, à tous nous gueuler les uns les autres, pour savoir où allait telle ou telle pièce. Même au bout de dix ans, c'était toujours le bordel.

Les journées étaient simples. Le matin, mon grand-père partait à la pêche sur le lac pendant que ma grand-mère cuisinait. Mon frère et moi passions notre matinée à ne rien faire devant la télé, en petit-déjeunant. Je me rappelle que ce que j'attendais avec le plus d'impatience, c'était Tom Sawyer :)
Installé sur la petite table qui sortait du lit replié (et oui, une caravane c'est formidable) je buvais cette chose immonde qu'est le lait en poudre avec de l'eau chaude. Beurk.

Ensuite, on mangeait et c'était la sieste. Et là, on commençait à regretter Lyon avec mon frère. Il fallait attendre que nos grands-parents se réveillent pour aller à la plage et pendant ce temps, nous n'avions rien à faire.
"Jouez dehors sand bruit" disaient-ils à des gamins de 6 et 9 ans.
Ha-ha!

(La seule occupation avant d'aller à la palge... A gauche un grand-oncle, au milieu mon frère à 5 ans et à droite, le seul autre jeune cette année là...)

Quand enfin tout ce petit monde était prêt pour partir, nous allions à la plage. Un lac, pas très propre il faut bien le dire, mais qui suffisait à nous occuper.

A propos de ce lac, je me souviens d'une anecdote qu'on m'a souvent raconté. Je devais avoir deux ans, et mon frère était parti en avance à la plage avec le frère de ma grand-mère. Cette dernière m'avait mis dans ma poussette et préparait quelques affaires avant de partir. Mais à cet âge là, lorsque j'avais une idée en tête, j'allais jusqu'au bout. Ainsi, j'ai réussi à défaire la ceinture et je suis parti en direction de la plage. Au beau milieu du chemin j'ai dû légerement me perdre.
Quelques minutes après mon départ, ma grand-mère d'une nature déjà très inquiète s'aperçoit de ma disparition. Elle a complètement paniqué et a couru de partout pour me trouver. C'est en croisant un groupe qu'elle a su où j'était parti. Ils avaient vu un petit garçon en larmes se précipiter vers la plage en appelant son frère...
Elle m'a retrouvé avec des gens qui essayaient de me rammener chez moi (moi pleurant et beuglant le nom de mon frère).
Il faut dire que toute mon enfance, j'étais vraiment le petit garçon à sa maman, qui languissait énormément, alors si en plus on m'enlevait mon frère...

Bref, ce lieu de vacances qui peut paraître idillyque l'était... Pour un temps.
Avec les années, nous avons grandis, et on a commencé à franchement se faire chier. L'année où tout a finit, j'avais 10 ans.
Le premier incident fut celui de la plage. A force d'argumenter et de chougner, mon frère et moi avions obtenus le droit de nous rendre seuls à la plage, dès le matin. Mais une matinée, nous avons tout simplement oublié l'heure. Or, mon grand-père était très stricte là-dessus, comme le sont pas mal de vieux en fait. On mangeait à midi, à midi PILE.
Nous avons donc vu ma grand-mère débarquer à 12h05 et nous dire que :
-Pépé est furieux!
En effet, nous avons commencé à manger à 12h10, et tout le repas a eut lieu dans le silence. En revanche, après le repas, on a eut le droit à une belle engueulade, et ça en a bien sûr été finit des sorties à la plage matinales.

Le deuxième incident a eu lieu quelques jours plus tard. N'ayant plus rien à faire le matin, nous avions repris notre habitude de faire les larves devant la télé. Ma grand-mère a demandé à mon frère d'aller acheter du pain, ce à quoi mon frère a rétorqué:
-Pas tout de suite Mamie, on finit de regarder et on y va.
-QUOI? TU RIGOLES? NON MAIS VRAIMENT HEIN, T'ES QU'UN PETIT CON!

Mon frère et moi sommes restés bouche-bée. Jamais nous n'avions entendu ma grand-mère parler comme ça. Le grand-père nous a copieusement engueulé à ce sujet peu après.

Enfin, le dernier incident s'est déroulé à quelques jours du départ. Mes grands-parents avaient des amis à Vassivière, ces amis avaient une fille (que mon père aurait dû épouser selon les plans de mes grands-parents...) qui avait un gamin de 5 ou 6 ans. Ce gamin était un petit con pourri gâté. Il avait droit à tout, et tous les vieux du camping lui passaient ses moindres caprices. Durant ces vacances, il nous avait déjà cassé plusieurs jouets. Ce soir là, mon frère et moi étions devant URGENCES et le gamin arrive en demandant à jouer à la GameBoy. Un seul regard entre mon frère et moi et nous tombons d'accord. Hors de question. Pour qu'il la fasse tomber? Cette machine représentait des heures et des heures de torture psychologique sur mes parents et de larmes.

La gamin se met à pleurer, redemande. Nouveau refus. Au bout d'un moment, il part en claquant la porte de la caravane. Sans rien dire, mon frère se lève et mets le loquet, un sourire aux lèvres. Deux minutes après, le gamin revient, tente d'ouvrir, n'y parvient pas, tambourine, pleure, hurle, et finit par partir. Cinq minutes passent et là, nouveau tambourinement nettement plus fort, et la voix de sa mère :
-OUVREZ!

Nous ouvrons, et c'est une furie qui rentre:
-NON MAIS VOUS ALLEZ PAS BIEN? L'ENFERMER DEHORS COMME CA? MAIS SI IL VOUS EMBETAIT, FALLAIT LUI DIRE, IL AURAIT ARRETé!
-Mais on lui a dit plusieurs fois et...
-TU M'COUPES PAS LA PAROLE! VOUS L'AVEZ MIS DEHORS!
-Mais non c'est lui qui a claqué la porte et..
-TAIS-TOI! VOUS L'AVEZ ENFERMé!
-Mais non, le loquet est tombé tout seul on n'avait pas vu! (seul mensonge!)
-BANDE DE MAL ELEVésS!

Et elle est partie. Plus tard, nous avons eu le droit à l'engueulade de mes grands-parents, et le soir même, nous avons dit à nos parents au téléphone que nous n'en pouvions plus. La phrase que j'allais regretter pendant tant d'années fut alors prononcée d'une voix plus embêtée qu'autre chose:
-Bon... Alors l'année prochaine, ça sera sûrement mieux pour tout le monde si vous allez en colonie...

A l'instant même où j'ai entendu le mot colonie, mon coeur s'est serré. Déjà, au fond de moi, je comprenais que j'allais souffrir.

Malgré tous ces incidents, je garde quand même un bon souvenir de cet époque. Il faut dire que seule la dernière année avait vraiment été moyenne. Un an avant que mon grand-père ne meure, j'avais même parlé à mes cousines de repartir là-bas avec eux, une petite semaine, juste pour se rappeler le bon vieux temps. Sur le principe, tout le monde était d'accord, et je savais qu'en plus, mon grand-père était vraiment heureux que ça vienne de nous, et pas que ce soit eux qui demandent.

Les feux d'artifices sur la plage, les pétard, les chewing-gums au citron, les tours en bateau, la friture, le pain perdu de ma grande-tante, l'orage qu'on écoutait dans la caravane, le tour de france qu'on regardait l'après-midi en attendant la plage, les repas à parler de l'enfance avec mes grands-parents...

(Un tour en bateau :) Mon grand-père, mon frère (en jaune, 5 ans) et moi (en rouge, 2 ans)...)

Mais la vie en a décidé autrement. Qui sait, peut-être que j'y retournerais quand même dans quelques années avec mes cousines :)

Enfin bref, tout ça pour vous introduire les futurs articles sur mes colonies de vacances...

(Et dire qu'au départ je voulais juste faire une petite intro, juste pour expliquer pourquoi j'étais parti en colo en deux trois lignes...)