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Seule
(texte écrit il y a quelques temps déjà)

Il y a des choses qui vous frappent sans que vous vous y attendiez. Des choses dont on se dit vaguement qu'elles n'arrivent qu'aux autres, qu'elles sont dignes d'une série télévisée. Et puis lorsqu'elles vous arrivent, lorsqu'elles vous touchent vous ou quelqu'un de proche, on comprends la différence. Comme lorsque j'ai vu ma meilleure amie d'enfance se fait une piqure d'héroïne ou sniffer de la coke devant moi la première fois. Ca, on l'a vu à la télé, dans des films, lu, on se croit blindé. On pense que ce n'est que quelqu'un qui se fait une piqure, franchement il n'y a rien de choquant et si cette personne a décidé de foutre sa vie en l'air, tant pis pour elle. Quand c'est votre meilleure amie d'enfance, vous comprenez.

Hier soir, j'ai appris quelque chose pour une autre personne qui compte énormément pour moi.
Ca faisait quelques temps qu'on ne s'était pas vraiment parlé. Oh, pas des mois non plus mais tout de même. On s'est vu récemment, on s'envoyait des conneries. Mais pas de discussion sérieuse. A chaque fois, elle semblait aller bien comme d'habitude. Bien sûr, je sais qu'elle est comme moi et qu'elle ne montre jamais quand ça ne va pas.

Elle est venue me parler sur MSN hier soir. au début, je n'avais pas envie de répondre. J'avais d'autres choses à faire et puis, sortant d'une angine, je voulais me coucher tôt pour être en forme avec ce week-end de quatre jours qui arrive et l'anniversaire de Nick. Et puis, elle a dû sentir que c'est ce que je pensais et elle a donc répété:
"Euan t'es là?
Euan, j'ai besoin de te parler"
Et là j'ai compris qu'il y avait quelque chose d'important, parce qu'elle n'était pas en train de tricher. Et elle a parlé. Elle en avait besoin. Fin Mars, elle s'est trompé en prenant sa pillule. Sur le moment, elle s'est dit que ça serait peut-être dangereux d'en prendre plusieurs pour rattraper ça. Il se trouve qu'à ce moment là justement, son copain qu'elle ne voit pas très souvent était là. Evidemment, ils ont passé la nuit ensemble. Et le lendemain, quand elle a réalisé les risques qu'il y avait, elle a un peu paniqué.

Elle a pris la pillule du lendemain. Et elle en a chié. Mais c'était fait. Le lendemain, elle a fait un test de grossesse. Négatif. Soulagement.

Elle a attendu ses règles. Un jour de retard. Deux jours. Cinq jours. Une semaine. Puis deux. Après deux semaines de retard, elle s'est rendu à la pharmacie et elle a acheté trois tests de grossesse. Elle est rentrée chez elle, elle est allé aux toilettes. Et elle a fait ce qu'elle avait à faire. Les trois tests étaient positifs.

Elle est allé voir son petit ami. Il a rigolé. Il en a rit, il en a fait des blagues. Au début, elle s'est forcé à rire. Et puis ce n'était plus drôle. Le lendemain, elle est allé voir un médecin. Son petit ami lui a demandé une fois si elle voulait qu'il vienne. Elle a répondu que non, pas vraiment convaincu. Et elle aurait voulu qu'il insiste. Qu'il la rassure. Qu'il ait envie de traverser ça avec elle. Mais il s'est contenté de dire "d'accord, je reste à la maison".

Elle est allé seule chez le médecin qui l'a envoyé dans un centre spécialisé. Il fallait une semaine de délai. Pendant une semaine elle a vécu en sachant tout ça. Elle avait pris la décision d'avorter. Pas le bon moment, pas le bon environnement, trop jeune. Ca n'était pas possible tout simplement. Ils n'en ont même pas parlé avec son petit ami. Elle ne lui a même pas dit, pour lui ça coulait de source, et il avait l'air de ne pas s'y intéresser.

Au bout d'une semaine, elle a pu avoir son rendez-vous. Ils lui ont demandé si elle était certaine de vouloir avorter. Elle a dit oui. Alors ils ont fait une échographie et ils lui ont montré le petit amas de cellules qui poussait dans son ventre. Ils l'ont forcé à regarder les pulsations cardiaques qu'on pouvait déjà voir. "Et c'était affreux, parce que de voir ce coeur miniature en train de battre, c'était humaniser cet amas de cellule. C'était le rendre vivant". A la fin, ils lui ont dit que si elle ne changeait pas d'avis, elle avait un rendez-vous une semaine plus tard. Une semaine de réflexion obligatoire. Une semaine à penser à ce qui poussait là, dans son ventre. A ce qu'elle avait vu.

Au terme de cette semaine, ce lundi, elle s'est de nouveau rendu au centre. Son petit ami n'habite pas la même ville qu'elle. Il n'était pas là. Ils lui ont donné un traitement pour déclencher une fausse couche. Elle a saigné, saigné. Et il n'a même pas téléphoné. Pas un seul coup de fil, pas un seul message de toute la journée. "Et c'était ça le plus dur Euan, j'étais seule hier, seule. La seule qui a pensé à moi c'est une amie. Lui, il m'a dit qu'il n'avait pas eu le temps. Pas eu le temps? Alors que j'avortais? Il a oublié Euan. Il a oublié...". Comme elle était seule et que personne ne pouvait la rammener chez elle, il a fallut qu'elle attende de pouvoir se déplacer, seule encore.

Quand on en parle, quand on le voit à la télé, on se dit qu'un avortement ça doit être difficile. On imagine l'épreuve que ça doit être. Et puis, quand ça touche quelqu'un d'aussi proche, on comprends la différence. Et on n'en dort pas de la nuit.

Ecrit par Euan, le Mercredi 14 Mai 2008, 07:18 dans la rubrique "Actualités".


Commentaires :

  Zéro Janvier
14-05-08
à 21:01

Dur.

Ce type est un salaud, c'est tout ce que j'ai à dire.

  Euan
Euan
15-05-08
à 19:13

Re:

Mais elle est toujours avec...

Et elle envisage d'aller dans sa ville l'année prochaine...

  Zéro Janvier
15-05-08
à 23:46

Re:

L'amour rend aveugle ...

Je suis bien placé pour le savoir, ce qui m'empêche de porter le moindre jugement "moral" sur la réaction de ton amie face à l'attitude de son copain. On accepte parfois n'importe quoi de celui ou celle qu'on aime, et quand on y repense quand c'est fini, on hallucine ...

  andbeyond
andbeyond
23-05-08
à 22:33

Triste histoire, joliement (si je peux me permettre de dire ça) racontée.

Ces histoires-là arrivent bien trop souvent. Je crois que tout le monde connait quelqu'un à qui c'est arrivé.

Et puis, et ça me rend dingue chez les gens de ma génération, c'est le "oh c'est pas grave".
Rien n'est jamais grave, on s'en fout.
Et on n'y pense plus, on passe à autre chose.
Sans humanité, sans recul.
Putain, quoi.