Et mon envie d'évasion ne disparaît pas.
Bien sûr, parfois elle est moins forte. J'arrive même à l'oublier de temps en temps.
Mais toujours j'y reviens. Depuis ma rupture, j'ai comme envie de... rupture. De temps en temps (heureusement pas trop souvent) j'ai la désagréable sensation de tourner en rond dans ma vie. Maintenant que je bosse, il n'y a plus rien de vraiment palpitant. Plus d'objectif, je ne peux plus me dire "à la fin de l'année, je passe à autre chose, je vais étudier autre chose"... C'est pas que mon boulot me déplait, c'est que désormais, j'ai l'impression d'être figé. Je sais que je vais voir ces gens pendant des années. Et que, même si mon poste évolue, fondamentalement rien ne va changer. J'ai envie d'une rupture avec ça.

Et puis au niveau des sentiments, c'est la même chose. J'y ai cru encore pendant deux mois et demi, j'y ai cru vraiment très fort, et encore je me suis pris une belle claque dans la figure. Alors, quelle est la suite? Je vais encore passer quelques semaines à me sentir de moins en moins mal, et puis je vais me remettre à chercher quelqu'un. Je vais essueyr plusieurs déceptions, des premiers rencards ratés, par leur faute ou par la mienne. Enfin, je trouverais quelqu'un avec qui ça va marcher et puis quoi? Ca sera de nouveau le bonheur un moment mais j'aurais toujours peur que ça finisse, comme ça l'a fait jusque là?
J'ai envie d'une rupture avec ça.

Depuis quelques temps maintenant, je rêve d'aller vivre à New-York. Je sais pas, quatre ou cinq mois. De tout lâcher en France et d'aller m'exiler là-bas. De trouver un travail là-bas, n'importe quoi, et de me débrouiller pour faire ma route un moment. De partir à l'aventure en quelque sorte. Et j'ai parfois l'impression que c'est maintenant que je devrais le faire. J'ai terminé mes études, j'ai un diplôme, je pourrais trouver du travail là-bas. Et puis qu'ais-je à perdre? Mon groupe d'amis s'est complètement éclaté un peu partout en France, et nous nous voyons rarement à cause de la distance. Ca ne changera pas grand chose. Il y a encore deux mois, j'avais une autre raison, j'avais un copain, j'étais amoureux et ça me suffisait. Mais aujourd'hui, c'est fini. Il est parti. Rien ne me retient ici. Ma famille? Ma famille, peut-être. Et encore. Je ne parle que de mes parents et de mon frère, ceux que je vois tous les jours. La plupart des autres, je les vois peut-être trois fois dans l'année (exception faite de mes soeurs/cousines Laura et Dorine).

Alors voilà. La seule véritable raison qui fait que je ne saute pas le pas, c'est que j'ai peur qu'en revenant en France, je ne trouve pas de travail. Et je veux revenir en France. Ca ne fait pas encore un an que je bosse, et je dois avoir plus d'expérience pour m'assurer d'avoir un poste facilement en rentrant. Et pourtant, j'ai la sensation que la porte est ouverte, grande ouverte en ce moment même. Et que si j'attends un peu trop, elle va me claquer au nez. Qu'il se passera quelque chose dans ma vie - une rencontre, des problèmes familiaux, qui sait quoi d'autre? - et que de nouveau, je serais enchaîné, et je ne pourrais raisonnablement plus partir.

Oui, j'ai envie de cette parenthèse dans ma vie, de cette pause que je n'ai jamais eu. Toujours j'ai bossé à l'école, au collège, au lycée, à l'IUT, au travail. Bien sûr, nombreux sont les gens qui n'ont même pas eu la chance de faire tout ça. Mais beaucoup d'autres aussi sont partis comme ça, à l'aventure, un an, deux ans. Oui j'ai envie de mettre de côté ma vie métro-boulot-dodo, oui j'ai envie de mettre de côté cette vie sentimentale grisâtre, oui j'ai envie de mettre de côté Ja.y qui rôde encore dans ma tête même si ça va mieux. Oui, j'ai envie de rupture.

(Redescends sur Terre...)