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Se bercer d'illusions

Je crois pouvoir affirmer que j’ai passé l’un des pires week-ends de ma vie.


La journée d’hier a été douloureuse. Je n’avais déjà aucune envie d’aller à cette réunion de famille à la base. Il s’agissait d’une réunion d’une branche de la famille que je ne supporte pas, beauf et jet-set, vraiment pas mon univers. Toute la semaine qui vient de passer, je me disais que j’aurais au moins la récompense de partir plus tôt que tout le monde pour rejoindre Ja.y à sa répétition. Ce qui n’était plus le cas dimanche matin.

Dimanche matin donc, je me suis réveillé à 6h15, et levé à 6h30, conscient qu’il ne servait plus à rien de tenter de me rendormir. La douleur était bel et bien là et ne s’en irai plus. J’ai passé quelques heures affreuses à attendre que les autres membres de ma famille se réveillent, tournant en rond, consultant mes mails, scrutant mon MSN et mon téléphone portable, dans l’attente vaine et pathétique d’un peu de ses nouvelles. Il n’y avait aucune raison pour qu’il en donne, mais je ne pouvais pas m’en empêcher.

Finalement, vers 9h30, tout le monde était debout et j’ai pu aller petit-déjeuner. Je n’ai presque rien avalé, la faim m’ayant délaissé. J’ai fait de mon mieux parce que je sais qu’il ne faut pas faire n’importe quoi, mais la nourriture ne passait pas vraiment. J’ai fini de me préparer et j’ai rassemblé les affaires que je devais ramener chez Ja.y. Des cadeaux que j’avais pris pour ses parents, en remerciement de la semaine dernière. Ses parents sont adorables, et même si apparemment c’est fini entre leur fils et moi, je tenais à les remercier. A 11h30, heure du départ, j’ai pris ma veste. En dessous, sur le dossier de la chaise, il y avait la veste de Ja.y qu’il a oublié de reprendre samedi. Je suis resté 2 bonnes minutes à la regarder sans rien pouvoir faire. Puis, je l’ai prise dans mes bras, l’ai serré fort, et j’ai remplis mes poumons de son odeur. Et elle était si présente son odeur. Comme un fantôme, presque consistante. Je me suis mis à pleurer doucement et j’ai mis la veste avec les cadeaux pour ses parents. Une partie de moi me hurlait de garder encore un peu la veste, juste un peu. Mais j’ai compris que ce serait une erreur. Il fallait que je rapporte tout ça ce jour même. C’est comme ça que ça devait se passer. Je savais qu’il serait en répet’ générale toute l’après-midi, avec ses parents. Pas chez lui donc. C’était le meilleur moment.

Nous sommes partis. Mes parents étaient déjà loin devant puisqu’ils devaient passer prendre d’autres membres de la famille. Mon frère et Aurélie devaient partir plus tôt que moi de la réunion de famille et prenaient donc une voiture, je prenais ma vieille R5. Et en arrivant devant, j’ai cru fondre à nouveau en larmes. Comme si ma rupture ne suffisait pas, comme si cette putain de réunion de famille ne suffisait pas, quelqu’un était rentré dans ma voiture pendant la nuit. Pare-choc défoncé, carrosserie pétée…

J’ai donc sauté dans la voiture de mon frère lorsqu’il est passé. Nous sommes arrivés dans les premiers dans beaufferie Land et j’ai attendu mes deux sœurs (qui sont en fait mes cousines Laura et Dorine) avec une impatience folle. J’avais besoin de les voir. Je passerais donc sur les détails de cette réunion chiante à mourir, dans d’autres circonstances j’en aurais sûrement fait un poste haut en couleur, mais le cœur n’y est pas, désolé. Sachez simplement que j’ai vraiment cru devenir fou lorsque pour la cinquième fois de la journée, un vieil oncle ou une tante s’est approché de moi pour me demander « Et toi ta copine, elle est où ? Et toi, tu devais pas amener quelqu’un ? »… A chaque fois c’était un coup supplémentaire dans mon cœur, une image de Ja.y qui réapparaissait, et cette phrase dans ma tête « hier encore, tu n’étais pas seul, tu devais le rejoindre après cette réunion de merde, tu avais de la force en toi, vous étiez deux… ».

Finalement, ce sont mes cousines qui m’ont déposé chez moi en rentrant chez elle. J’ai alors pris la voiture de mon frère et je suis parti chez Ja.y. Il était 16h45. J’estimais que la répet’ se terminerait à 17h, le temps qu’ils plient tout et rentrent, il serait 18h. J’avais le temps. Et pourtant, j’ai conduit le plus doucement possible. En moi, deux sentiments s’affrontaient. D’un côté, je n’avais pas du tout envie de voir qui que ce soit. Je voulais simplement déposer les affaires derrière leur portail et rentrer chez moi. Simple, rapide, ce serait fait. Pourtant, une autre partie de moi n’avait qu’une envie, c’est qu’ils soient déjà rentrés. Le revoir. Son visage, ses mains. Réunion de famille oblige, je m’étais bien habillé, bien coiffé. Du moins c’est ce que je croyais. Mais dans ma voiture, sur le trajet, j’ai compris que si je m’étais autant soigné, c’était simplement dans le cas où je le reverrais. Je m’étais fait beau pour lui. Je m’imaginais qu’il me verrait arriver à la fenêtre. Je serais sorti, il serait sorti. Je l’aurais regardé, interloqué.
-Mais tu n’es pas censé être en répet’ ?
-On a terminé plus tôt, tout s’est bien passé… Et toi, pourquoi tu es là ?
-Je voulais te rapporter ça…
-Ecoute, je crois qu’il faut qu’on parle…

Mais bien sûr, rien de tout cela n’est arrivé. Même en conduisant le plus doucement possible, je suis arrivé à sa maison à 17h30. Je me suis garé devant. Sa voiture était là, comme d’habitude. Ils avaient pris la voiture de son père. J’ai regardé sa maison, sa fenêtre, les rideaux qui n’ont pas bougés. J’ai eu une énorme bouffée de nostalgie. Je suis allé jusqu’au petit portail et j’ai posé le sac derrière. J’ai serré les dents pour ne pas pleurer. Je me suis rassis au volant, prenant mon temps pour attacher ma ceinture. J’espérais encore les voir arriver. Et puis, lorsque j’ai eu épuisé tout ce qui pouvait me prendre du temps, j’ai redémarré. Je ne les ai pas vus. Je ne l’ai pas vu. Et j’aurais tant aimé pouvoir le serrer une dernière fois dans mes bras.

Je suis rentré chez moi. Et puis, à un moment donné, je suis passé devant la chambre de mon frère, et j’ai vu son regard. Un regard qui disait simplement « je veux t’aider, je peux t’écouter ». Alors je suis rentré et je me suis assis sur son lit. Et on a parlé pendant plus d’une heure. Je lui ai tout raconté. Il n’en revenait pas. Il m’a dit qu’il était vraiment déçu pour moi, qu’il appréciait beaucoup Ja.y, et qu’il ne comprenait pas. Il ne comprends pas qu’on ai pu rompre pour une telle raison, que cela arrive très souvent, et que ce n’était pas comme si nous étions à 5 ans de relation et de frustration. Il m’a dit qu’il ne devrait pas me le dire, mais il pense que Ja.y n’a pas réfléchi, qu’il a fait ça sur un coup de tête, et que comme il l’a dit lui-même, il est un peu paumé en ce moment. Et je sais que tout ça est vrai, il a un rythme de vie beaucoup trop intense, il ne dort pas assez et mange mal. Il est constamment fatigué, et quelque chose qui n’est pas si grave prend du coup beaucoup d’importance. Mon frère m’a dit que nous connaissant tous les deux, il ne s’imagine pas que les choses en restent là. « Vous vous êtes trop bien trouvés. Vous étiez deux personnes bien, gentilles, et c’est tellement rare… Ce n’est pas possible ». Vu comme nous allions bien ensemble (nous n’avions aucun sujet de désaccord) il pense que cela ne peut être qu’un coup de tête qui finira par passer. « Avec le rythme qu’il mène, il n’aura de toute façon pas le temps de chercher quelqu’un d’autre, juste du temps pour réfléchir à ce qu’il avait et ce qu’il perd ». Quand je lui ai dit que je croyais impossible de trouver quelqu’un qui me conviendra aussi bien que lui, j’ai été soulagé de voir que lui, au moins, me comprenait. Il m’a dit que c’était dur à dire et à entendre pour moi, mais il pense que j’ai raison. Et j’étais content quelque part, parce que j’ai trouvé quelqu’un qui me comprends.

Je sais, c’est très mauvais de raisonner ainsi. De se donner de faux espoirs. Mais pendant un moment au moins, ça a été moins dur. De se dire qu’il va maintenant réfléchir et peut-être, comprendre. Il y a une chose dont je suis certain, c’est qu’il va regretter. La question est de savoir si le regret sera suffisamment fort pour qu’il revienne sur sa décision ou non. Lui-même sait qu’il aura du mal à trouver quelqu’un qui lui ressemble autant. Ses parents, son père notamment, m’aimaient beaucoup, et même s’il ne lui dit pas par exemple, je sais que son père pensera qu’il fait une bêtise aux vues de ses précédents petits copains. Il y a peut-être encore un espoir. Mais je n’avais pas besoin de mon frère pour qu’il existe. Il est bien là malheureusement. Et même si la plus grande partie de moi se bat pour tuer cet espoir, c’est un combat vain.

J’ai aussi dit à mon frère qu’une autre chose me peinait, c’était leur association, leur spectacle. Parce que mine de rien, j’étais allé les voir en répétition plusieurs fois, je les avais aidé pour une brocante, je m’étais occupé du son à la dernière répétition générale… Et me dire que je n’assisterais pas à leur première me peine énormément. C’est toute une partie nouvelle de ma vie que j’avais appris à apprécier qui s’envole. Je m’entendais bien avec ses amis, et le week-end dernier encore nous avions prévu de nous faire un week-end improvisé à Annecy dans les prochaines semaines. Envolé aussi. Dans ma vie, j’étais heureux depuis deux mois et demi. J’avais des espoirs, des rêves, des projets. Aujourd’hui, tout s’est écroulé. Lorsque je regarde vers l’avenir, tout ce que je vois c’est mon travail, ennuyeux, et de nouveau des repas, des réunions, où tout le monde est en couple, sauf moi. Où tout le monde a sa moitié, et moi le souvenir de Ja.y.

Et puis, vers 21h, il s’est connecté. Il m’a dit que ses parents me remerciaient pour les cadeaux et pour ma gentillesse. Je lui ai répondu que c’était normal. Il m’a demandé de remercier mes parents pour leur accueil. Je lui ai dit que ça serait fait. Je lui ai demandé comment s’était passé la répétition, parce que je voulais vraiment le savoir, et que je ne voulais pas que l’on ne fasse que se remercier. Il m’a dit que tout c’était bien passé, mais que ça avait été très fatigant. Il m’a dit que la famille de la fille chez qui il répète me passait un grand bonjour.
-Et d’ici quelques temps, si tu te sens prêt, tu seras le bienvenu pour venir nous voir.
Je lui ai dit qu’on en reparlerait, je lui ai souhaité une bonne soirée, et je suis parti.
Et j’ai de nouveau failli pleurer. J’ai trouvé ça froid, j’ai trouvé ça nul. Il me manque, je l’aime. Je ne veux pas que ça finisse. Et je ne peux pas m’empêcher de me dire que la semaine prochaine peut-être, il viendra vers moi. Qu’il aura eu le temps de réfléchir, de se rendre compte du manque, et de tout ce qui marchait si bien entre nous. Et qu’il voudra essayer à nouveau. Je me fais milles scénarios de nos retrouvailles. Où je lui explique qu’il faut qu’il soit sûr de lui, parce que j’ai énormément souffert et que je ne veux pas que ça recommence. Où il me dit qu’il était perdu mais qu’il sait ce qu’il veut. Chaque heure qui passe, c’est autant de films qui s’inventent dans ma tête. Le manque est cruel, et j’ai l’impression d’être un camé en attente de sa prochaine dose. Je déteste me sentir comme ça, et je sais que j’en ai pour des semaines.

C’est dur, et en attendant, je ne peux pas m’empêcher d’espérer un peu. Et je pleure.

Ecrit par Euan, le Lundi 24 Septembre 2007, 16:30 dans la rubrique "Actualités".


Commentaires :

  Zéro Janvier
24-09-07
à 22:12

J'ai lu le billet suivant après celui-ci, ce qui permet de "nuancer" ma tristesse en te lisant. Je connais cet espoir, je l'ai ressenti et je ne l'oublierai jamais. Je connais cette froideur qui suit la rupture, les échanges sans âme qui donnent l'impression que tous les sentiments ont disparu. Ce n'est qu'une illusion, une caparace qu'on se force à porter pour ne pas craquer devant l'autre, pour être "plus fort" que l'autre. Il reviendra peut-être, mais prends garde à continuer à vivre en dehors de cet espoir.

  Euan
Euan
25-09-07
à 17:01

Re:

J'ai des périodes où, très lucidement, j'ai conscience que cette histoire est terminée, et qu'elle ne reprendra pas. Et j'arrive à le supporter.

A d'autres moments en revanche, j'ai besoin de cet espoir, même si je sais qu'il est sûrement vain. Mais à certains moments, si je n'avais pas cet espoir, je crois que je craquerais.