La suite... - L'ombre

Et bien voilà, les vacances sont vraiment terminées.

Bien sûr, j'avais repris depuis lundi, mais quelque part, ce n'était pas tout à fait la rentrée. Mes parents n'étaient pas là, Tatie était sur Lyon, Ja.y aussi, et j'ai pu les voir.

Mes parents rentrent lundi. Tatie est repartie sur Strasbourg. Et Ja.y est parti tout à l'heure pour une semaine en vacances avec une amie à lui.

Je crois qu'aujourd'hui je me sens capable de parler de l'ombre qui plane sur nous deux. Pourquoi aujourd'hui, je n'en sais rien, ou peut-être bien que si.

Ja.y a eu une relation qui a duré trois ans avant de me rencontrer. Cette relation s'est terminée il y a maintenant bientôt huit mois. Il était amoureux, fou amoureux même. Trois ans ce n'est pas rien. Mais son ex était apparemment spécial. Les amis de Ja.y l'appréciaent plus ou moins. Ses parents pas vraiment. D'après les échos que j'en ai, seul Ja.y semblait l'apprécier vraiment (normal étant donné leur relation). Je pense sincèrement qu'il voyait en cet ex l'homme de sa vie. Et puis, cet ex a dû partir de France pour sa carrière. Ja.y était prêt à le suivre. C'est là qu'il s'est pris un "redescend sur terre Ja.y enfin! Je n'ai jamais été amoureux de toi. C'était sympa mais ça ne marchera jamais entre nous".

J'imagine facilement l'état dans lequel Ja.y s'est retrouvé puisque nous avons sensiblement le même caractère. Il a clairement été à deux doigts de se suicider.
Et aujourd'hui, c'est moi qui suis mort de trouille. J'ai une peur immense d'y laisser des plumes. Parce que tout se passe bien entre nous (pas de disputes, chaque moment passé ensemble réussi, ses amis et parents m'aiment bien...) mais une relation de trois ans, ça ne s'oublie pas en un claquement de doigts. Huit mois peuvent-ils effacer une telle blessure?

Je sais qu'il ne l'a jamais revu depuis cette rupture (par texto...). Il m'a dit qu'il lui vouait une haine sans nom. Nous en avons parlé un peu moins d'un mois après notre rencontre. Je lui avais alors demandé si cette haine ne cachait pas plutôt de l'amour qu'il ne pouvait supporter de ressentir. Il m'a répondu que non. Je lui ai dit que j'avais très peur de souffrir, que cela ne faisait pas longtemps que son histoire s'était finie et qu'il avait peut-être besoin de plus de temps. "Es-tu capable de passer à autre chose aujourd'hui?". Il m'a répondu qu'il le pensait.

Mais je ne suis pas dupe. Aujourd'hui mon pire ennemi, c'est cette ombre, c'est cet ex qui rôde encore dans sa tête. Je hais cet ex. Parce que dans d'autres circonstances, Ja.y et moi ça aurait fonctionné à merveille tout de suite, nous sommes vraiment très proches de caractère, nous avons la même conception des choses, le même petit grain de folie... Mais sa relation l'a rendu très méfiant. Au début, il ne cessait de me répéter qu'il se sentait bien avec moi et qu'il ne se projetait pas dans l'avenir, ça ne servait à rien. Lors de notre discussion sur son ex, il m'avait dit qu'il lui arrivait d'avoir des coup de blues en y repensant, qu'il fallait que je lui laisse du temps.

C'est ce que je m'efforce de faire. C'est pour cette raison que je retiens toujours les mots fatidiques avant qu'ils ne franchissent mes lèvres. Ce que je ressens pour lui, au fond.
Aujourd'hui, je peux dire qu'il s'attache à moi. Je le vois. Il ne me dit plus qu'il ne se projette pas dans l'avenir. Il me dit que je lui manque, qu'il est lui-même avec moi, qu'il se sent bien, qu'il est bien dans mes bras. Et dans ces moments là, je sais que nous avons notre chance. Que cela prendra du temps, mais que nous pouvons y arriver.

Et pourtant, à certains moments, je sais aussi que nous sommes constamment en danger. Tout à l'heure par exemple quand je tombe sur une chanson que j'adore sur son PC. Je la lance et immédiatement il arrive dans la pièce et me demande avec un sourire malheureux de passer cette chanson. Et je sais qu'il la rattache à son ex immédiatement. Et qu'il n'a donc pas fait le deuil de sa relation. Bien sûr je le comprends, encore une fois trois ans ne s'effacent pas en quelques mois. Mais j'en souffre énormément. Parce qu'il est là, présent et prêt à ressortir à la moindre chanson, au moindre film qu'ils avaient aimé tous les deux.

Et puis il y a aussi le fait que mes sentiments pour lui sont de plus en plus fort, à tel point que les mots "je t'aime" s'apprêtent de plus en plus à sortir de ma bouche sans que je m'en rende compte. Au début, je réfléchissais, est-ce que je lui dis ou pas? Désormais, je suis par exemple dans ses bras, bien, heureux, et avant même que je réalise ce qui se passe mes lèvres forment le mot "je". Jusqu'ici j'ai toujours su me rendre compte de ce que j'allais dire et j'ai enchaîné sur quelque chose d'autre. Mais combien de temps cela va-t-il durer?

J'ai donc des raisons de me réjouir et des raisons de m'inquiéter. Je suppose que je n'ai toute façon pas vraiment de choix. Il me faut patienter encore. Et le jour où les mots sortiront réellement de ma bouche, il me faudra espérer que suffisament de temps aura passé pour qu'il ait commencé à remplacer l'image de son ex par la mienne. Et si ce n'est pas le cas, je sais déjà ce que je lui dirais.
"Aujourd'hui, je ne te demande pas de me dire que tu m'aimes aussi. Chacun son rythme. Ce que je te demande en revanche, c'est de me dire si oui ou non tu pourra un jour faire ton deuil du passé, si oui ou non un jour tu pourras me dire "je t'aime"..."

Et selon sa réponse...

En attendant, le voilà parti une semaine loin de moi en compagnie de la soeur de son ex qui a renié son frère en voyant le mal qu'il avait fait à Ja.y. Je dois dire que cette idée ne m'enchante pas spécialement. Bien sûr cette fille est très gentille mais il va forcément penser à son ex toute la semaine. Sans me voir. Finalement, c'est peut-être une très bonne chose, un très bon test.

Je ne veux pas être le remplaçant. Je ne veux pas être la relation de transistion. Je veux être celui qui lui apprendra à aimer à nouveau, et au final être le bon. Parce que même si ma voix intérieure me hurlait de ne pas le faire cette fameuse nuit, je l'ai cru quand il m'a dit qu'il pensait qu'il était capable de passer à autre chose. Et depuis, je suis amoureux.

Et je ne veux pas souffrir encore.

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