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Le pont maudit

Puisque c’est l’été (malgré tous les efforts que déploie le ciel pour nous faire croire le contraire ces jours ci) et que j’ai besoin de vacances, j’ai décidé de continuer un peu dans les souvenirs de vacances, histoire de m’offrir une parenthèse ensoleillée pendant ma journée.

 

Je devais avoir onze ou douze ans quand nous sommes allés voir ma tante et mon oncle, près de Metz.

A l’époque, Alain et Marie-Agnès étaient venus nous voir dans notre location dans les Landes durant quelques jours et cela s’était très bien passé. Ce sont certainement les personnes de ma famille avec qui nous avons le plus de points communs et nous avions passé quelques jours formidables en leur compagnie. Nous étions allés nous baigner dans l’océan, une grande première pour mon petit cousin Thibaut alors âgé de 3 ans, et sa sœur Maud 5 ans. Je revois encore le plus petit terrorisé de voir ces grandes vagues devant lui mais hilare lorsqu’elles l’éclaboussaient.

 

Mon oncle Alain était (et est encore) très jeune dans sa tête et passait donc ses après-midi avec mon frère et moi à creuser des trous les plus profonds possible. Je me souviens d’ailleurs que nous avions lancé une mode en quelques jours sur notre plage habituelle. Tous les jours nous creusions ce trou que nous rebouchions par la suite, et au fur et à mesure de la semaine, les trous s’étaient mis à se multiplier autour de nous. Lassés, nous étions alors passé à autre chose.

 

Toujours est-il que pour nous remercier de notre hospitalité, Alain et MAgnès nous avaient invité à passer quelques jours dans la maison des parents d’Alain alors en vacances je ne sais plus où. Il s’agit d’une grande maison très agréable avec beaucoup de terrain autour, un peu paumé mais pas si loin de la ville. Nous étions tous enthousiasmés à l’idée de nous reposer dans ce carde idyllique et étions donc directement partis chez eux avec tout de même une étape par chez nous.

 

Le matin du départ, nous avions tout bien rangé dans la voiture, les vélos étaient solidement fixés à la galerie sur le toit, comme lors de notre retour des Landes. Mon père, mon frère et moi adorions ces ballades à vélos sous les pins, et nous avions bien l’intention d’en faire également chez mon oncle (les pins en moins cela va de soi).

Nous prenons donc la route ce matin du départ, un peu fatigués par le voyage de la veille et par la route qui nous attends. Pour ne pas arriver trop tard, nous partons assez tôt et parvenons à éviter les bouchons.

 

Comme à chaque fois que vous devez vous rendre dans une maison perdue, il y a toujours un moment où vous vous… perdez, justement. D’autant plus lorsque la route pour arriver jusqu’à ladite maison est étroite et tortueuse. A la sortie de l’autoroute, nous nous mettons donc à rouler sur ce genre de petites routes. A l’époque, personne n’avait encore de téléphone portable, impossible donc de se faire expliquer la route par téléphone, il fallait se fier aux indications. A force de tourner, nous apercevons enfin la petite route décrite par mon oncle, avec le petit pont sous lequel il faut passer et le virage avec le grand chêne. Tous contents, nous la prenons.

 

Mon père se met alors à ralentir. La route n’est vraiment pas large il devient même difficile de se croiser. Cela nous arrive au dernier endroit possible, ce qui augmente le niveau de stress de mon père. La voiture en sens inverse nous frôle et je suis frappé par le sourire amusé du conducteur qui semble se dire qu’il va bientôt s’en payer une bonne tranche. Mais bon, mon père n’a que faire de mes remarques, il est concentré sur la route. Surtout, surtout, nous arrivons au niveau du pont sous lequel il faut passer, et en terme de largeur, c’est une catastrophe. Mon père est presque au point mort lorsqu’il s’y engage. C’est à peine si les rétroviseurs ne râpent pas contre les parois en ciment du pont. Toute ma petite famille a les yeux littéralement rivés sur les côtés de la voiture afin de corriger la trajectoire du véhicule à l’aide d’un doux « MAIS TOURNE A DROITE, TOURNE A DROITE PUTAIN, TU VA RAYER LA BAGNOLE !! ».

 

Tout à l’air de plutôt bien se passer jusqu’à la moitié de la voiture. Tout à coup, nous entendons un bruit effroyable au dessus de nous, comme si quelqu’un ou quelque chose était en train d’arracher le toit de la voiture. Au même moment, la voiture se voit stoppée dans sa course et la bouteille d’eau posée sur les genoux de ma mère sans bouchon se renverse sur ses jambes, occasionnant un cri maternel tonitruant. Mais il est trop tard pour faire marche arrière, la voiture commence déjà à sortir de dessous l’arche. Une fois garé à peine un mètre plus loin, nous nous regardons tous les uns les autres, choqués, sans comprendre. Quand soudain je vois le visage de mon père se décomposer.

-Les vélos, murmure-t-il. Ah putain les vélos.

 

Tellement obnubilés que nous étions par les rétros de la voiture, aucun de nous n’avait remarqué que l’arche du pont était également très basse, trop basse pour laisser passer nos vélos fixés sur la galerie.

Nous sortons tous de la voiture et constatons les dégâts. Etrangement, les vélos ne sont pas tant abîmés que cela. En revanche, la galerie est morte et le toit de la voiture a bien souffert là où elle était fixée.

 

Juste à côté du pont, il y avait une maison. Je vois encore le type enveloppé et rougeau sortir hilare de sa maison et crier à sa femme à l’intérieur :

« Jeannine, apporte le téléphone, y’en a encore un qui a oublié d’enlever ce qu’il avait sur le toit ! »

Mon frère et moi avions alors pris nos vélos pour rejoindre la maison de mon oncle à quelques centaines de mètres et mon père était rentré dans la voiture avec ma mère pour repartir, refusant sèchement mais poliment le coup de téléphone de ce monsieur et de sa Jeannine.

 

Après tout, on a sa fierté non ?

 

(Demain la suite avec l’histoire de la cheville qui guérit plus vite que son ombre)

Ecrit par Euan, le Jeudi 9 Août 2007, 17:05 dans la rubrique "Actualités".