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Le téléphone italien (2/2)

Pour la première partie, c'est ici!


C’est alors qu’un homme d’un certain âge, roulant tranquillement dans sa voiture, aperçoit mon père faire ses grands mouvements de bras désespérés. Il s’arrête à sa hauteur, et grâce à son italien rudimentaire, mon père comprend que l’homme, cheveux blancs, lunettes noirs, cigarillos au bec, veut lui venir en aide. En baragouinant, il lui explique la situation. (la suite est sous-titrée par mes soins, pour une meilleure compréhension)

-Montez, montez, lui dit le monsieur, on va le rattraper !

-Merci, merci beaucoup ! Suivez ce bus !

 

Je n’ai jamais vu l’homme, jamais rencontré. Je ne sais pas ce qu’il faisait dans la vie, ni ce qu’il a vécu. Mais je sais une chose. Cet homme a dû attendre sa vie entière qu’un homme lui dise quelque chose de ce style. Et pourtant, il n’était pas tout jeune.

A peine mon père a-t-il posé ses fesses sur le siège que l’homme redémarre, le pied littéralement au plancher. Dans un crissement de pneus, ils se mettent à avancer dans le flot de voitures. Si vous avez déjà été en Italie, vous savez comment les Italiens conduisent. C’est pas facile facile. Le temps que mon père explique son problème et s’installe, le bus a déjà repris de la distance et n’est même plus visible. La main constamment sur le klaxon, le vieil homme se fraye un chemin parmis les différents véhicules, hurle, fais des queues de poisson.

-Heuu, attention quand même, nous avons le temps, tente mon père.

-Accrochez-vous monsieur, nous allons rattraper ce bus !!

 

Et à la stupéfaction de mon père, le vieil homme tourne d’un seul coup à droite, prenant magistralement une ruelle en sens interdit.

-Vous êtes en sens interdit !

-C’est un raccourci, on arrivera avant le bus vous verrez !

Evidemment, une voiture arrive en sens inverse. Et le chauffeur de mon père de sortir la tête par la fenêtre pour mieux hurler son flot d’insultes en klaxonnant. Les deux voitures se frôlent. Se frôlent. Toujours à la même vitesse, la voiture continue son chemin. Mon père, blême, ne dit plus rien. Quelques minutes plus tard, ils arrivent au terminus du bus. Mon père descend, encore en train de faire une prière. L’homme sort de la voiture et vient prendre mon père dans ses bras.

-Voilà, nous avons réussi, voilà votre bus.

-M-m-me-merci, bredouille mon père.

-La suite vous appartient. Bonne chance.

Et comme il était apparu, l’homme repart.

 

Mon père s’assoit à l’arrêt de bus, tentant de se remettre de ses émotions. Quelques minutes après, le bus arrive. Il fait signe au chauffeur qui s’arrête et il lui explique la situation. Mon père se dirige au fond du bus qui a roulé pendant une vingtaine de minutes, avec plusieurs dizaines de passagers différents venant s’asseoir là où nous nous étions mis. Et lorsqu’il arrive à l’endroit précis où se trouvait mon portable…

 

Ma mère et moi en sommes à notre troisième verre. Nous patientons en regardant flâner les touristes et en parlant de tout et de rien. Ma mère tente vainement d’aiguiller la conversation sur le sujet d’une éventuelle petite copine, malheureusement pour elle je connais toutes ses ficelles (elle ne me pris au dépourvu qu’une fois dans ma vie, en me demandant frontalement si je n’avais pas une préférence pour les garçons. Ce procédé ne lui ressemblait tellement pas que je ne sus quoi répondre et mis trop de temps pour lui dire qu’elle était folle (quel doux lapsus) de me poser une question pareille).

Et puis, au bout d’un moment, nous vîmes mon père arriver, de larges auréoles sous les bras (mais je fus plus tard incapable de dire si la sueur venait de l’effort ou de la peur qu’il avait eu).

 

Et dans sa main, mon téléphone portable.

Ce téléphone, qui était posé en plein milieu d’un fauteuil de bus, qui a voyagé seul pendant bien 7 arrêts, personne ne l’avait volé. Il était exactement là où nous étions assis, personne n’y avait touché. Intact. Aujourd’hui encore, ni mes parents ni moi n’en revenons. Pourtant, il ne s’agissait (à l’époque) pas d’un portable minable. Il n’était certes pas au top de la technologie, mais la scène aurait eu lieu en France, je pense que le portable aurait disparu.

 

Je rigole toujours quand mon père raconte cette histoire de course poursuite à la James Bond avec son sourire rieur et je ne peux m’empêcher de l’imaginer alors au moment même de son récit, quelques années en arrière, en train de se pisser dessus en faisant sa prière.

Ecrit par Euan, le Dimanche 5 Août 2007, 11:11 dans la rubrique "Actualités".