La suite... - C'est... cassé!

Et nous y voilà, le grand jour de l'épreuve pratique pour le certificat de prélèvement sanguin. (Pour ceux qui n'auraient pas suivi, j'en parle là, là, ici, ou encore là (le chien méchant!))

Ah oui, avant de raconter ça, je vous fais juste un topo de la DDASS dans toute sa splendeur, une fois de plus. J'avais téléphoné un mois auparavant pour avoir des nouvelles de la date de l'examen, on m'a répondu "en Juin, à la Doua". La semaine passée, je reçois un courrier m'annonçant que l'épreuve pratique se déroule à l'Hôpital St Luc (soit à 30 minutes de la Doua...), le 2 Juillet.

Et, car ce n'est pas fini, il est précisé sur le courrier : "vous apporterz votre propre matériel, gants, blouse, garrot, système de prélèvement et tubes".

...

Car bien entendu, nous travaillons tous dans un laboratoire qui nous fournit gratuitement du matériel à volonté. J'avoue être resté complètement sur le cul. Organiser un examen sans prévoir le matériel, c'est fort, surtout quand on l'annonce une petite semaine à l'avance. Heureusement pour moi, j'ai sû me faire apprécier pendant mon stage et j'ai pu récupérer le nécessaire là-bas.

Bref, me voilà donc le 02 Juillet à 14h sur le lieu de l'examen (ce qui m'a au passage, obligé à posé un demi RTT...). J'aperçois un petit groupe de filles et j'en déduis que l'épreuve a lieu par là. Je me rapproche, c'est en effet le cas. Trois jeunes filles qui bossent déjà en labo et une un peu moins jeune, un peu plus... enveloppée. Très stressée, cette dernière. Une des trois bossant dans un labo a en fait déjà passé l'épreuve pratique l'année précédente et vient pour encourager son amie.

Je lui demande comment se déroule l'épreuve:
-Très simple, tu rentre, elle va te poser une question sur les tubes, tu piques et c'est fini.
-Les tubes? Le truc où théoriquement tu fais tel examen sur tel tube mais en vrai ça change dans tous les hopitaux?
-Voila.
-Ah... Tu veux pas me refaire un petit topo vite fait parce que justement, vu que ça change tout le temps, moi je n'ai rien retenu.
-NFS et cie sur EDTA, les séro sur tube sec, tout ce qui est coag sur citrate, glycémie sur fluorure si c'est pour un dosage ultérieur et iono sur héparine. C'est ce qui revient souvent.
-Merci.
Je remarque du coin de l'oeil que la godiche enveloppée a tout écouté, visiblement paniquée. Elle nous explique alors que la théorie, elle l'a passé il y a deux ans et que son stage, c'était y'a deux mois.
-Bin moi aussi, lui dis-je, mais ça revient vite, faut pas paniquer.

Au moment où elle se lance dans une litanie pour se remémorer les correspondances tubes/examens (une litanie bourrée d'erreurs) l'examinatrice arrive et demende deux volontaires. Je me lance tout de suite, et pas parce que je suis stressé. C'est juste que j'ai pris un demi RTT alors je veux en profiter. Le plus tôt je pars d'ici, le plus j'en profites :)

Et la godiche décide de passer avec moi. C'est donc elle que je vais piquer et elle qui va me piquer. Je tord du nez. Elle n'a pas de veines. Pffff...

Nous rentrons dans la salle d'examen. La godiche s'assoit, l'examinatrice me demande:
-Si je vous demande un TCA, vous me le faites sur quoi?
Aucune idée!
-Sur un tube citrate (l'air confiant).
-Tout à fait. Allez-y, piquez.
Je mets mes gants, pose le garrot et recherche une veine. Putain, y'en a vraiment pas sur le bras gauche. Pas de visible à l'oeil nu, pas de palpable non plus. Même l'examinatrice me dit que je n'ai pas de chance. Je tente l'autre bras. Et j'en sens une toute petite, tellement petite que je ne parviens même pas à savoir dans quelle direction elle part. Tant pis, je n'ai pas le choix. Je la tate pendant 5min pour m'imprégner de sa localisation : en effet, la godiche n'a pas de grain de beauté, aucun signe sur le bras qui me permettrait de me repérer. Je tate, je tate, et je me lance. Je désinfecte, je sors mon épicranienne et j'y vais. D'habitude, je vois la veine, je sais à peu près où elle est. Là, non. Je fais donc comme d'habitude dans ces cas là, je fais confiance à mon inconscient qui a mémorisé quand je palpais, et j'y vais au feeling. Et je tombe pile poil dedans. L'examinatrice me fait signe que c'est bon.

C'est le tour de la godiche.
-Alors, sur quoi vous me piquez un iono?
-Heu... Mains tremblantes, voix hésitante, mains qui se tordent... Heu... Heu... sureuhh... un EDTA?
-Ah non! Non, réflechissez, un iono?
-Heeeeeuuuu... voix paniquée... un... tube sec?
-Mais non enfin! Un IONO! Ca veut dire qu'on dose le sodium, le calcium, tout ça...
-Un, un... un... voix au bord des larmes... un fluorure?
-Pfffff... Vous DEVEZ savoir ça! C'est pas possible! C'est sur héparine! Bon, c'est votre dernière chance, sur quoi vous me piquez une NFS?
-Heuuuuuu... EDTA?
-Bien. Allez-y piquez, mais vous devriez savoir tout ça!

Pendant ce temps là, moi, je commence à trouiller. Parce que déjà qu'elle avait pas sûre d'elle, elle est complètement minée maintenant, et elle va devoir me piquer. Elle sort son matériel et elle tremble tellement qu'elle casse son dispositif en le montant.

Je tremble.

-Je... C'est... cassé.
-Tenez, en voilà un autre.

Elle le monte sans le casser. Je suis mort de trouille. Heureusement pour elle, mes veines sont de véritables autoroutes, bien gonflées, et elles ne roulent pas. Un bébé arriverait à me piquer (oui bon, peut-être pas un bébé). L'aiguille s'approche. Je la vois déjà riper et me déchirer la veine, le sang se répandant partout. Elle pique. Et tombe dessus, sans riper.

Le tube se remplit. L'examinatrice lui dit d'arrêter. Encore paniqué, la godiche enlève le garrot sans enlever le tube qui continue à se remplir. Lorsqu'enfin elle réalise son erreur, le tube est plein. Elle me regarde les larmes aux yeux.
-Je suis désolée, je...
-Aucun souci!
Je suis trop soulagé d'être toujours en vie!

Voilà, j'ai eu ma pratique, la godiche par contre... L'examinatrice n'avait pas décidé lorsque je suis parti.