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La putain du boulevard
Cela fait maintenant quelques jours que je marche tous les matins une heure. Mon frère me traite de petit pépé qui fait déjà sa promenade le matin, et j'ai bien conscience que ça peut paraître ridicule, mais là n'est pas le propos.
Au départ, j'ai fait des trajets un peu différents avec toujours comme point de départ de passer par le campus à côté de chez moi. J'ai toujours aimé ce campus, depuis que je suis tout petit. A l'IUT, beaucoup de gens qui ne venaient pas de Lyon ne partageaient pas mon avis. J'ai pris conscience qu'ils avaient raison à quelque part: les bâtiments sont plutôt vieux et la plupart sont d'une couleur grise assez lugubre. Mais ça n'enlève pour moi pas le charme de ce campus. Ce que j'aime par dessus tout, ce sont ces espaces verts un peu partout, ça me fait penser à une fleur qui pousse au beau milieu du bitume. Ca fait du bien. Toujours est-il que je passe donc tous les matins par là. Depuis quelques jours maintenant, j'ai opté pour un circuit défini qui m'emmène jusqu'au bord du Rhône. J'aime bien m'asseoir sur un rocher et contempler l'eau qui coule pendant quelques minutes, m'imprégner de ce bout de nature avant de repartir (oui, c'est la moitié de ma ballade matinale ça :) ) . J'enlève mes écouteurs et j'écoute le bruit de l'eau, le son des petites vaguelettes qui vienent lécher les galets. C'est un endroit que j'aime beaucoup là aussi, surtout avec la lumière du jour qui se lève. C'est un peu un cadeau tous les jours (bon sauf quand il pleut évidemment et les prochains jours ça risque justement d'être un tout petit peu moins magnifique). Une partie de mon trajet jusqu'au fleuve suit un boulevard assez fréquenté, à quatre voies (deux dans un sens, deux dans l'autre). Adjacent à ce boulevard se trouve une sorte de chemin en terre battue assez large qui fait souvent office de parking et qui longe l'axe automobile tout le long. La première fois que je suis passé par cet endroit, je marchais sur ce parking. Et à un endroit, j'ai vu une camionette que je n'avais jamais vu ici en deux ans à l'IUT. En plus, cette camionette n'était pas garée comme les autre voitures, mais déjà prête à repartir. Mais aucun conducteur. C'est sur le chemin du retour que j'ai compris. Sur le siège conducteur se trouvait une femme d'un certain âge, maquillée avec trois couches de cosmétiques et portant un haut minuscule du style panthère dorée. Depuis, tous les jours je vois la camionette. Je ne passe plus exactement au même endroit mais je la vois de loin. En général à l'aller, la porte latérale est ouverte et l'on peut voir un matelas avec un drap noir dessus, du genre matelas de caravane. Au retour, la porte est fermée et il n'y a personne sur le siège conducteur. Je me demande toujours si la femme au volant a alors un client ou si elle en a marre de rester assise à contempler le parking. Aujourd'hui, j'ai eu ma réponse. Alors que je rentrais, j'ai vu un homme devant la porte latérale ouverte. Un monsieur tout le monde, un peu chauve, un peu bedonnant, pantalon clair, veston clair par dessus un polo vert. L'archétype du "tonton André", bientôt à la retraite. Il est monté, la porte s'est refermée. Chaque matin j'ai de la peine en passant devant cette camionette. Certaines fois, je crève d'envie d'aller m'asseoir à côté de cette femme et de lui parler, lui demander comment elle en est arrivée là, son quotidien, sa vie. Lui parler de tout et de rien pour la sortir un moment de ce quotidien qui me paraît si glauque. Cette femme passe ses journées assise à la place conducteur d'une camionette abîmée par le temps, à regarder des voitures passer sur le boulevard et les joggers qui courent le long du parking. Elle doit essuyer des regards outrés ou choqués tous les jours de la part de ces nombreux passants. Et puis un client arrive et alors elle va s'enfermer à l'arrière de cette camionette, sur ce matelas recouvert du drap noir. Peut-être la radio est-elle en route. Et elle fait ce qu'elle a à faire pour vivre. Le type part, elle nettoie, peut-être. Et elle attends le suivant. Et le jour d'après. Tous les matins, en passant devant cette camionette, je me dis que ce n'est pas une vie. Et que finalement, mes problèmes ne sont pas grand chose. Ecrit par Euan, le Mardi 21 Novembre 2006, 16:28 dans la rubrique "Actualités".
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