La suite... - Repose en paix, mon rat...

Ca y est.
Tout à l'heure, j'ai enfin fini le dernier TP de pharmacologie de mon IUT.
Fini.
Pour toute ma vie (enfin j'éspère).

Et je repense à mon premier TP.
La matière s'appelait alors "Physiologie" et on nous avait dit de venir dans telle salle avec une blouse.
En arrivant, nous avions tous senti l'odeur de la sciure. Et vu les cages. Un brin d'angoisse était monté en moi. On allait quand même pas nous faire manipuler des animaux. En tous cas, pas des animaux vivants quand même!
Et puis, la prof nous avait dit de mettre des gants. De nous approcher de la cage remplie de... rats! Mon dieu, j'avais trouvé ces bestioles énormes! Je m'étais dit "c'est sûr, elle vont me mordre!".
Et là, la prof nous avait dit, allé, on va apprendre à les tenir!

QUOI? Mais enfin pourquoi apprendre à les tenir?
"-Et bien parce que vous allez travailler dessus pendant les deux ans qui arrivent, une fois par semaine. Avec des souris, des lapins, des cobayes et des grenouilles.
-QUOIIIII?! (toute la classe en choeur). Mais on nous avait pas prévenus!
-Bin si, c'est obligé. De toutes façons, vous avez pas le choix, c'est un enseignement obligatoire, si vous ne faites pas ces TP, vous êtes virés de l'IUT."
Bref, voila, en quelques minutes, toutes mes peurs s'étaient concrétisées.
J'ai donc fait connaissance avec Mme Souris, une petite vicieuse qui ne pense qu'à une chose, c'est vous mordre.
J'ai fait connaissance avec Mr Rat, les bestioles les plus gentilles qu'il m'ait été donné de voir en TP, ne mordent jamais, sont tout gentil (limite à vous faire des léchouilles) mais un peu gueulard.
J'ai fait la connaissance de Mr Lapin, toujours appeuré, la plupart du temps immobile en pensant que vous allez l'oublier.
J'ai fait connaissance avec Mr Cobaye, à peu près comme Mr Rat, sauf qu'il gueule plus fort et que son cri est à mi chemin entre le bébé humain et le perroquet (c'est très bizarre lol).
J'ai fait la connaissance de Mme Grenouille, qui ne pense qu'à une seule chose, c'est de sauter hors de vos mains.

J'ai plusieurs souvenirs pour chacun de ces animaux. Des drôles, et des moins drôles (et la plupart du temps, c'est des pas drôles).
J'ai donc appris à prendre chacuns de ces animaux, à les manipuler sans se faire mordre, j'ai même appris à hypnotiser les lapins (c'est terrible!).

Je me souviens aussi lors de ma première séance, qu'on nous avait appris à faire l'injection par voie intra-péritonéale. A savoir, enfoncer l'aiguille dans le bide de l'animal, et envoyer la sauce. Les rats hurlent dès que vous enfoncez l'aiguillle. Et je vous jure, la première fois c'est traumatisant. J'adore les bestiaux en général, et ça me faisait mal au coeur de faire ça. Les souris c'est différent. Déjà ça gueule pas, et puis en général, j'avais moins de scrupules vu qu'elle venait de me niaquer. Les grenouilles n'ont jamais eu droit à des injections, vous comprendrez pourquoi plus tard. Les cobayes hurelent aussi, les lapins non, mais parce que la moitié de l'injection se fait alors qu'ils sont hypnotisés.
Bref, je m'étais dit "qu'est ce qui peut y'avoir de pire à ça?"

Mon coco, les TP suivants étaient bien pire!
Parce qu'évidemment, si on nous avait appris injecter un anesthésique à ces bêbêtes, c'était pour les opérer.
Je vous passe les différents malaise qu'on a pu observer chez les représentantes de la gente féminine. Bref, après quelques coups de scalpels, on se disait tous "bon ça y est, on peut pas faire pire"

Et c'est évidemment à ce moment qu'on nous a appris à poser des cathéters. Alors imaginez vous un peu le truc. Déjà, il faut trouver la jugulaire, enfouie sous des amas graisseux, et autres tissus divers. Une fois trouvée, il faut essayer de la nettoyer avec votre pince, sans pour autant la déchirer. Au départ, on la voit bien, elle est foncé, et bien gonflé. Après quelques minutes de nettoyage, elle se réduit à la taille d'une mine de critériume 0.5 à peu près. Elle est alors devenue incolore, et il faut que vous donniez un coup de ciseau dessus, sans la couper entièrement évidemment. Amusez-vous à vous entrainez en ayant bien en tête que contrairement à la mine de critérium, la vaine est molle et fragile. Il y a de quoi devenir fou rapidement. En général, au bout d'une heure d'effort, on y arrivait. Et c'est ce moment que choisissait le rat (l'animal qu'on utilisait le plus souvent) pour se réveiller, la gorge complètement ouverte. Et encore, ça, c'est si vous aviez de la chance, parce que grâce à votre cathéter fraichement posé, vous pouviez lui réinjecter de l'anesthésique en IV donc directement dans le sang et ça faisait effe tplutôt rapidement. Sinon, bah fallait recommencer l'IP (Intra-Péritonéale) et là ça mettait plus de temps.
Autant vous dire que c'est aussi dur psychologiquement.

Après, c'était le passage marrant de la carotide. Là, faut carrément aller à côté de la trachée pour ouvrir, et on a encore moins le droit à l'erreur. Oui, parce que là, le sang circule au taquet. Oubliez de poser votre clamp avant d'ouvrir la veine, et vous vous retrouvez recouvert du sang de votre cher petit rat.

Evidemment, le rat en profite pour se réveiller quand vous venez de poser votre deuxième cathéter. Vous lui donnez donc une nouvelle petite dose d'naesthésique. Et là, c'est le drame. Parce qu'avec ce produit (le Nembutal) on ne voit pas l'arrêt respiratoire venir. Et c'est pourtant ce qui se produit au bout d'un moment, à force d'en réinjecter. La minute avant, le rat va bien (enfin tout est relatif, hein...), la minute après, il respire comme un fumeur de 60 ans. Là, vite, c'est une urgence, vous allez pratiquer votre toute première... Trachéotomie! Et oui, vous n'en pouvez déjà plus de stresser, que la prof vous explique rapidement comment faire en vous disant que si vous vous dépéchez pas, votre rat va claquer, et avec lui, c'est votre note qui s'envole (comprenez "T'auras 0 à ta manipulation").
Bref, après avoir ouvert la trachée et glissé un petit tuyau en plastique, vous pensez votre rat sauvé. Vous commencez donc enfin votre TP. Et oui, celui-là ne fait que commencer (et pourtant ça fait bien deux heures minimum que vous bossez dessus). Vous pouvez maintenant injecter tout pleins de produits dans votre rat et regarder comment il réagi.

Et en général, au bout d'une demie-heure, votre rat qui est déjà trop chargé en Nembutal se réveille. Vous vous précipitez donc sur lui pour lui en donner une autre dose salvatrice... qui sera sa dernière, après un arrêt respiratoire. Voila, vous vous êtes déchiré pendant 3H, votre rat s'est réveillé trois fois en criant et vos nerfs ont donc souffert... Et tout ça pour un 0 en manipulation.
Bon, j'ai un peu fait le scénario catastrophe là, mais en général y'avait tout le temps un problème et ce scénario là m'est même arrivé entièrement une fois.

Tout ça pour dire qu'au bout de quelques TP comme celui-là, vous apprenez à vous endrucir. Surtout si le rat doit survivre d'une semaine sur l'autre. Dans ce cas, hors de question de faire une overdose de Nembutal. J'ai un souvenir ému de Casimir, ce rat que nous avions opéré avec Laure et qui devait donc survire pour la semaine d'après. A la fin de l'opération, Il s'est réveillé. La prof nous a regardé en nous disant "à vous de gérer votre anesthésie, mais je veux pas qu'il meurt" Nous lui en avons réinjecté. Ca n'a rien fait. Nous nous sommes regardés, interdit. Casimir se débattait tellement qu'il arrachait ses contentions. Avec les larmes aux yeux, je l'ai maintenu carrément avec mes mains, pendant que Laure le recousait (il avait le bide et le dos ouvert, les intestins à l'air). Un des TP les plus durs psychologiquement. Il est mort un jour avant le TP où on aurait d'û s'en ressevir. Note de manipulation: 0

Et je vous passe bien d'autres petites anecdotes.
Ah si quand même. Je vous ai dit un peu plus haut que les grenouilles n'étaient jamais anesthésiées. Pas besoin. On arrivait, la prof nous a dit
-Prenez la grenouille dans votre main, attention, elles sont vives, elles s'échappent!
Je prends la grenouille
-Tenez dit-elle en me tendant un énorme paire de ciseau.
Commencant à comprendre, et ne VOULANT pas comprendre
-Bin qu'est ce que j'en fais?
-Bin pardi! Tu lui coupe la tête!
Et moi qui m'exécute. J'ai tellement voulu faire ça vite pour pas qu'elle souffre que je lui ai coupé un bras en même temps. Mais c'est toujours mieux que Laure. Perturbée, ne sachant pas vraiment comment faire, elle a coupé et au milieu ça a bloqué un peu. Elle a fini en coupant tout doucement, n'ayant pas assez de force. La grenouille a fait un croassement lugubre et qui m'a fait monter les larmes aux yeux.

Bref, aujourd'hui c'était mon dernier TP. Juste pour que vous vous imaginiez un peu les séances de TP, ce TP là était pour étudier les analgésique (anti-douleur). Donc, nous avons mis des souris sur des plaques chauffantes (à 50°C environ), jusqu'à ce que l'on constate qu'elles souffraient.... Puis, après traitement à la morphine, nous avons recommencé... Enfin bon.

J'ai donc toujours détesté ces TP. J'ai été déprimé tous les jeudi depuis deux ans à cause de ça. Je savais que j'allais tuer des animaux, et que même si on faisait tout pour leur éviter de souffrir, certaines fois (souvent en fait, même si ce n'était pas long) c'était inévitable.
Heureusement, tous les profs n'étaient pas froids et méchants. La prof que j'ai eu pendant deux ans était très bien, mais bon, il fallait bien qu'elle pénalise les mauvaise manips, donc même si elle était douce, bin on était obligé de limiter les overdoses et de se débrouiller tout seul certaines fois.

Il n'empêche qu'aujourd'hui je suis super content d'en avoir enfin fini avec cette matière ^^

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